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Les multiples confinements auxquels nous avons été confrontés ont poussé beaucoup d’entre nous à se lancer dans le running. Certes, nous avions des limites géographiques à respecter, mais aussi davantage de temps pour prendre soin de soi, notamment par le biais de la course à pied. En effet, l’Observatoire du running a publié une étude en mai 2021. Selon elle, on compterait environ 13 millions de nouveaux coureurs en 2020 (par rapport à 2019). Parmi ces nouveaux pratiquants, 51 % ont débuté pendant un confinement. Pour être bien dans leur corps, et aussi pour perdre du poids. Peut-être faites-vous partie de ces 51 % ?
Peu importe que vous soyez un sportif du dimanche ou quelqu’un de bien plus aguerri, les conseils d’Abderrazak Charik, coureur de l’équipe de France, valent leur pesant d’or. Le Dunkerquois de 24 ans connaît une progression vertigineuse. En 2013, il se lance dans la course à pied. En 2015, il est sélectionné pour la première fois en Équipe de France. Il sera d’ailleurs champion de France junior en 2016. Plus récemment en 2020, il s’est classé à la 57e place des championnats du monde de semi-marathon par équipe. La France a fini championne d’Europe de la compétition (sixième à l’échelle mondiale). Il évolue aujourd’hui au Racing Multi Athlon (75). Ayant beaucoup travaillé sur le 10 kilomètres (sa meilleure performance sur cette distance étant de 28’36’’) et le semi-marathon (1 h 2’44’’), il vise désormais le marathon. Il s’essaiera sur cette distance pour la toute première fois fin 2021.
« Zak » s’est livré à nous récemment et nous parle notamment de sa carrière, de la façon dont il a intégré l’Équipe de France, de son sponsor Asics Europe. Et cela, tout en donnant des conseils à celles et ceux qui pratiquent la course à pied.
Pourrais-tu te décrire en quelques mots ?
Abderrazak Charik : Je suis simple, très droit. Je ne me prends pas la tête en général, que ce soit pour la course ou autre. Maintenant, je souhaite m’investir davantage dans ma discipline. Je suis rémunéré, mais pas assez. Je voudrais vivre de ma passion.
Quelle est ta journée type ?
A.C : Je me lève à 7 h 30 et je déjeune. Je m’entraîne à 10 heures et mange à midi. Je fais ensuite une sieste d’une heure. À 16 heures, je prends mon café et me prépare pour le second entraînement. Je le commence à 18 h et finis à 20 h. Lorsque je prépare des compétitions, je fais davantage de séances difficiles le matin pour habituer mon corps. Sinon, en général, je fais mes séances spécifiques le mardi, le vendredi après-midi et le dimanche matin. Après, je prends mon dîner et me repose. Et c’est reparti !
À quel âge as-tu commencé la course à pied ?
A.C : J’ai commencé en 2013. Le principal de mon collège m’avait détecté à l’époque. Deux ans plus tard, j’étais sélectionné pour la première fois en Équipe de France.
Comment être sélectionné en Équipe de France ?
A.C : La fédération organise une course et les cinq meilleurs sur chaque distance sont sélectionnés. Le nombre de participants varie. Par exemple, pour un 1500 mètres, la finale inclut douze coureurs et dans le dernier semi-marathon que j’ai fait, nous étions 400.
Tu es aussi un athlète sponsorisé par Asics Europe, comment en êtes-vous arrivés à ce partenariat ?
A.C : J’ai un agent depuis 2016. Les sponsors recherchent à avoir de la visibilité, quelqu’un qui puisse avoir un impact publicitaire, notamment sur les réseaux sociaux. Asics s’est réellement intéressé à moi après ma première course avec les seniors. Il s’agissait des championnats du monde de semi-marathon par équipe, où nous avons été champions d’Europe et 6e mondiaux avec l’Équipe de France. Individuellement je me suis classé à la 57e place.
As-tu déjà eu des fins de course difficiles ?
A.C : Oui. Aux championnats du monde, j’ai eu un point de côté au 17e kilomètre. Je me suis rappelé toute la préparation que j’avais dû faire. J’ai peut-être fait 1000 kilomètres alors ce ne sont pas les quatre qui restent qui vont m’arrêter. D’autant plus que je ne pouvais pas abandonner vis-à-vis du reste de l’équipe qui s’est bien battue.
« Je souhaite m’investir davantage dans ma discipline »
As-tu un coach mental pour réussir à tenir tout au long de la course et ne pas baisser de pied ? Puisque l’on sait que le facteur psychologique est très important dans ce sport, d’autant plus au niveau où tu évolues…
A.C : Non je n’ai pas de coach mental, je suis quelqu’un de très calme. J’aborde toutes les courses de la même façon, je ne ressens pas de stress particulier. J’ai toujours la même routine : j’écoute de la musique pour me changer les idées, ensuite je pars m’échauffer et discute avec des amis qui feront aussi la course. Certains préfèrent ne pas parler, être dans leur bulle.
Comment savoir si l’on est plus destiné pour les courtes distances ou les longues ?
A.C : Personnellement, je fais 1 m 69 pour 52 kg. Ma morphologie se rapproche de celle d’un Kényan, nous sommes plus faits pour les longues distances. Cela dit, un homme mesurant 1 m 90 peut aussi être bon sur un marathon. Finalement, tout est une question de puissance dans les jambes. D’ailleurs, je conseille de commencer par les petites distances et d’adapter sa VMA au fur et à mesure. J’ai monté petit à petit les échelons, et en fin d’année, je courrai mon premier marathon.
La préparation au niveau alimentaire change-t-elle en fonction d’une courte ou longue distance ?
A.C : On peut presque se faire un petit McDo avant une petite distance (rires). Il faut tout de même éviter de mal manger avant un cinq kilomètres lorsque l’on n’est pas entraîné. Plus la distance est longue, plus il faut faire attention à son régime alimentaire.
Comment gères-tu ton ravitaillement ?
A.C : Je ne me ravitaille jamais puisque, même sur un semi-marathon, je dépasse seulement de quelques minutes l’heure de course. Je n’en ressens pas le besoin. Par contre au-delà d’1h 20, je conseille de se ravitailler.
Qu’est-ce qui te sépare des meilleurs aujourd’hui et quels sont tes axes de progression ?
A.C : Je pense que je n’ai pas encore atteint mes limites, donc je vais continuer de m’entraîner pour atteindre mon rêve : courir avec les Kényans. Ils ont des facilités que nous n’avons pas en tant qu’européens.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
A.C : Le meilleur ! Une vie simple et de faire de bons chronos.
Crédits photos : Adrien Guillard Dettin Photographie